Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, sur la place et l’avenir de la francophonie dans le monde, pour le lancement du Haut Comité National de la Francophonie au Sénat.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C’est un grand plaisir pour moi de me trouver parmi vous ce soir à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie. Permettez-moi, tout d’abord, de remercier le Haut Comité National de la Francophonie, et en particulier sa présidente, Annick du Roscoat, d’avoir pris l’initiative de cette belle rencontre.
La Francophonie, c’est d’abord une poétique du monde : l’unité et la multiplicité d’une langue qui se donne à vivre et à écrire au pluriel sur les cinq continents. Le Festival Francophonies, mais aussi le Salon du Livre, qui met à l’honneur en ce moment même les écrivains de langue française, témoignent de cette richesse et, plus encore, de cette connivence qui relie, autour des mots et d’une langue, plus de 180 millions d’hommes et de femmes dans le monde entier.
La francophonie est donc avant tout une Maison commune : celle de ceux qui ont reçu le français en héritage ou qui ont choisi de l’apprendre. Mais elle est aussi une invitation au pluralisme, avec pour ambition de promouvoir une certaine idée de l’homme et de la culture, une certaine vision du monde et de l’avenir. Tel est l’idéal d’universalité qui fait la force de la francophonie depuis deux siècles et qu’il nous appartient, aujourd’hui, d’animer et de prolonger.
Face aux menaces de repli identitaire qui s’affirment ici et là dans le monde, nous avons besoin plus que jamais de favoriser les conditions d’un dialogue équilibré entre les cultures. La francophonie, j’en suis convaincu, peut être ce laboratoire d’une modernité respectueuse de l’autre et soucieuse d’un véritable dialogue entre les cultures. Depuis toujours, la diversité culturelle s’inscrit au cœur de son projet et de ses priorités.
Dans ce sens, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, que l’UNESCO a adoptée le 20 octobre 2005, est aussi une belle victoire de la francophonie. Le projet de loi pour la ratification de cette Convention sera présenté au Conseil des ministres ce mercredi 22 mars, et je m’en réjouis tout particulièrement.
Aujourd’hui, j’en suis convaincu, la mondialisation peut être une chance pour la francophonie. Peu d’aires linguistiques et culturelles ont une telle surface mondiale, et dans de nombreux pays, je l’ai constaté au cours de mes déplacements, il existe une attente très forte de la part de nos partenaires étrangers en matière linguistique. En Chine, le réseau des Alliances connaît un développement spectaculaire avec l’ouverture d’une neuvième Alliance française à Shandong. Plus de 10 000 étudiants chinois ont suivi, l’an dernier, les cours de français dispensés dans ces centres ! L’Amérique du Sud connaît aussi une forte demande à laquelle nous voulons naturellement répondre, en agrandissant, pour commencer, le réseau des Alliances françaises au Chili. En Afrique, nous renforçons aussi notre présence, mais en investissant cette fois plus particulièrement dans le secteur audiovisuel.
La situation est donc encourageante, mais nous ne devons pas en rester là. J’entends poursuivre dans cette voie, et en particulier mobiliser toutes nos énergies pour que soit préservé notre réseau d’instituts culturels et de lycées français à l’étranger. Car c’est avant tout dans ces lieux d’apprentissage que notre langue et notre culture s’enracinent, et que nous bâtissons durablement pour l’avenir et celui de la francophonie.